LA BELLE-AU-PRE-PLEURANTE : PIECE DES TEMPS MODERNES EN DEUX ACTES ET UN EPILOGUE.
PIECE EN 2 ACTES.
Intro :
La véritable version de "La Belle" ayant précédemment été écrite par le regretté C.P (ben oui, c'est lui le proprio : donc rendons à Charles ce qui est à PERRAULT) , nous allons donc tenter de vous présenter une autre version de ce conte, en mode actuel comme on dirait maintenant.
Et ne cherchez pas à dévier d'histoire en lisant " apéro" à la place de :"à PERRAULT" car je vous vois d'ici faire vos p'tits malins en gloussant...
ACTE 1 :
Il était une fois une Belle, demeurante en sa cité dite des "Jolis-Prés" , et occupante d'une tour où elle avait la fâcheuse habitude de guetter le manant, planquée derrière sa meurtrière du 13ème étage.
-" Ohé, La Belle, cria Joséphine-la-voisine de cuisine, ne vois tu rien venir à l'horizon ? "
- " Hélas, non, Joséphine-ma-voisine, répondit la Belle en reniflant (elle pleurait souvent, c'est très énervant...), je n'entends que le camion du boulanger qui klaxonne et le vélo du facteur qui résonne..."
- " Ferme la fenêtre, rétorqua Joséphine-la-voisine, et cesse de te pencher ainsi, sur le parking tu chuteras et les dents brisées tu auras, ce qui n'est pas avenant pour un manant...Rentres en ta demeure et attends : demain sera suffisant pour lorgner autrement..."
La Belle écouta les paroles de Joséphine-voix-des-Sages, ferma ses volets et mit le loquet, puis se démaquilla. Elle enfila une djellaba de là-bas (bon moyen pour se dépayser gratoche), prit télé-poche et se plongea dans la lecture. La Belle était intello, elle préfèrait se cultiver plutôt que de regarder ARTE...
Minuit s'afficha sur le micro-ondes, la Belle bâilla. Elle posa ses lunettes
car elle ne supportait pas les lentilles de contact, prit un bain " petit Camarguais " au lait de jouvence puis se coucha dans ses draps-panthère.
Elle prit soin de remonter son réveil pour ne pas manquer l'heure du guet fixé à onze heures tapantes, rendez-vous dans cent ans avec un prince qu'elle espérait charmant, mais qui pour le moment restait un parfait inconnu.
Minuit cligota ses chiffres,
Comme un clin d'oeil pour dire qu'à Minuit il ne se passe pas forcément quelque chose, à part l'insomnie qui vient, et va.
Pour élucider ce mystère qui lui donnait de l'urticaire, elle déserta son baldaquin et se prostra devant le mini ordinateur portable couché sur le tapis.
Puis elle implora l'oracle à face de bouc, habitant invisible de la planète WOUEB :
- "O grand FACE DE BOUC, dis-moi qui parmi tous mes amis est le plus beau ? "
l'oracle FACE DE BOUC habitant de la planète WOUEB.
L'oracle cliqua du bout du pied (enfin, c'est une supposition, car il restait toujours invisible) et répondit en son langage-clic : "j'aime Olivier-dit-Le-Chat-Botté" .
La Belle ôta ses lunettes pour mieux voir qui était ce charmant, présenté comme ami parmi 373 autres amis dont elle ignorait toute existence. Elle agrandit l'image de "Olivier-dit-Le-Chat-Botté ", lorgna longuement ses yeux bleus azur - partagés par 300 autres ami(e)s inconnu(e)s- et tomba immédiatement amoureuse. Elle se mit à lui sourire et esquissa même un baiser derrière l'écran en minaudant.
- " Je serai la plus belle pour toi,tu seras le plus beau pour moi, alors rendez-vous dans cent ans." dit La Belle en gloussant, et d'un clic elle fit clac à l'ordinateur qui mourut.(de toute fa
çon, sa garantie de survie ne s'étendait pas à cent ans...)
" requiem pour ordi ..."
La Belle soupira d'aise, bien décidée à passer la barre du siècle, et cela grâce à la bouteille entière de lait de jouvence dont elle s'était aspergée. Avant de plonger dans ses longs rêves, elle but une bonne fiole d'eau de vie nécessaire à sa survie et s'enduisit le visage et les mains, et les pieds,et le corps, d'une crème bleue comme les yeux d'Olivier-dit-Le-Chat-Botté, devant éviter, selon la notice, l'apparition prématurée de rides et autres marques du temps. La Belle remercia donc sa crème de miracle et cette fois s'assoupit pour de bon dans son lit aux draps-panthèreux.
Le temps passa, cent ans ça met du temps à passer : le réveil sonna.
La Belle s'étira, regarda en son miroir si la crème avait tenu ses promesses : le résultat ne mentait pas, son teint affichait une belle coloration bleutée mettant en valeur l'émeraude de ses prunelles...
Elle but un grand café et dévora toutes les tartines qu'elle avait mises au congèle avant son long endormissement. Puis elle se fit belle et se posta à la meurtière pour guetter son amoureux.
Un galop de cheval résonnant la fit se pencher pour voir qui passait ainsi à grande chevauchée.
-" Olà gentilhomme !, héla-t-elle en direction d'un inconnu chapeauté et botté,regarde-moi dans les yeux que je mire ton regard."
Le cavalier sourit dans ses moustaches et jeta une oeillade à la Belle qui poussa un cri d'horreur...
-" Olivier-dit-Le-Botté pour te servir, ma beauté."
dit le Chat en s'inclinant. Pour faire le malin, il lança son chapeau qu'il fit tourbillonner et esquissa un jeu de bottes à pas chassés, ce qui énerva La Belle qui lui lança un verre d'eau sur les moustaches.
- Je n'attends pas une Bête mais un HOMME ! cria-t-elle de sa tour. Fuis sinon je descends te tordre le cou !
Olivier-dit-Le-Chat-Botté haussa les épaules et tira rageusement sur sa cape.
- Bougresse !!! , riposta-t-il, tu es bien difficile, je me barre ! Bon courage au suivant et adios !!
Il ponctua ses mots d'un beau doigt d'honneur pointé vers La Belle. Furax, celle-ci lui jeta au nez le micro-ondes, foutu depuis cent ans.
Comme elle n'avait plus le grand oracle face de bouc à consulter, elle prit du marc de café pour lire la suite :
-" Petit marc de café, dis-moi ce qui va m'arriver ... J'attends toujours mon charmant depuis cent ans...et il ne semble pas pressé, le salopard."
Mais le petit marc resta muet, peut-être n'avait-il pas assez bu de café...La Belle le traita de bon à rien, puis soupira, et croisa les doigts (des mains et des pieds) en implorant le ciel de lui envoyer vite un HOMME qui serait son élu, car elle n'aurait pas cent ans de bonus pour attendre le prochain manant.
Acte 2 :
2EV2D
Bruit, musique et roulement de tambour surgissent au lointain.
-" Voilà bien du tintamarre, dit La Belle , voyons donc qui se point ainsi à l'horizon."
Et elle s'accouda à la meurtrière pour épier cette venue inconnue.
- " Coucou, me voilou ! "
En découvrant l'objet de ses tourments, la soupirante faillit choir en bas de sa tour.
" Coucou, me voilou ! "
- " Enchantou, Lou BELLOU, jou soui 2EV2D, ESPECE-EN-VOIE-DE-DISPARITION, créatourou du foutourou, et blue kom tou voulou. Jou vou tou fairou bokou dou bisous partoutou..."
- "Non, mais c'est pas vrai ! hurla La Belle. Casse- toi ou je vais te mettrou mon poing sur ta geulou : j'attends un HOMME et pas une machine à faire des bisous ! Tire-toi robot à face de lune bleue ou je sors le gun. "
2EV2D se tira en lâchant un tonnerre de pets fumants pour la remercier de son accueil chaleureux,
puis trottina aux sons de ses tambours et musettes qui mettent de la musique plein la tête et font oublier la face de lune bleue qui n'avait pas fait l'affaire. Une fois loin de l'échevelée penchée à sa tour, il riposta :
- " T'es moche aussi La Belle, et pour les bisous tu pourras toujours attendre encore cent ans ! "
La Belle cracha de rage par la fenêtre,fit un bras d'honneur à 2EV2D puis donna des coups de pieds dans les murs et les portes, tagua tout l'appartement, déchira une armoire d'habits, et chercha dans les placards un restant de nectar.
Elle trouva une bouteille d'eau-de-vie (vieille de cent ans) qu'elle but (au goulot), mit de la musique (à fond), ouvrit une cartouche de paquets de cigarettes (tombée du camion),
se maquilla pour oublier (qu'elle n'était pas belle), s'inventa une coiffure (aux ciseaux), et se mit à chanter, et danser, et rire, et pleurer.
Tout cela en même temps pour passer le temps qui ne passait pas, puis au bout de ce temps, elle courut vomir l'eau-de-vie et son espoir désespéré dans les toilettes. (beurk: la crade)
Puis elle s'assit par terre, en compagnie de son cendrier plein et d'une bouteille vide, et pleura encore (y'en a marre, elle chouine trop), des nuages plein les yeux et des larmes plein la tête.(ça va mal...)
La Belle-vomissante.
Maintenant, on commence à s'impatienter : comment tout ça va finir ???
Et bien mes impatients (enfin, pour ceux qui suivent...) , encore un petit effort, on y est presque.
Donc après avoir vomi son dégoût, La Belle n'ayant plus rien à faire elle décida de faire n'importe quoi, comme descendre les poubelles en comptant les marches des 13 étages par exemple. ( de toute façon, l'ascenseur était parti en retraite depuis longtemps, car il avait au moins 95 ans...)
Donc elle arriva au bout du compte (cent trente marches) à la porte ouvrant sur le domaine (enchanté) des caves , jeta (férocement) son sac poubelle (plein de mégots...) dans un containeur qui ne contenait plus rien.
Au moment où elle ne sut plus que faire, elle sursauta (comme dans les films), surprise par un bruit de pas.
- Ouf ! soupira-t-elle, voilà un assassin, ou un voleur ,peut-être un serial killer :
enfin je vais mourir et connaître la délivrance ! Mais avant, que je vois de mes yeux les yeux de ce sauveur qui va me prendre la vie,que je le remercie de m'ôter l'ennui !
Vite que je lui baisasse les mains tant qu'il me restasse encore un peu d'air à respirasse ...Vite qu'il m'estourbisse et qu'on en finisse ! "
... une minute de suspens...
Et puis, et puis... (ben non, c'est pas fini ! ) elle s'écroula sur le sol crade de la cave. (beurk) et dans sa petite mort naissante, elle murmura :
" Arrivée au Paradis... Je vois un ange qui approche et ouvre ses blanches ailes... Ange, presse-toi que je meurs à l'heure... "
Comme il n'y a pas d'heure pour mourir, l'Ange n'accourut point. Juste quelqu'un d'intrigué qui se pointa, et déversa un bon seau d'eau (froide) sur la tronche de La Belle (écroulée), histoire de la virer du Paradis vite fait.
Comme le type était poli, il se présenta, en précisant qu'il n'était ni voleur, ni tueur, ni boucher-découpeur, ni prince, ni charmant, ni manant, mais qu'il travaillait simplement comme gardien, et qu'il ne portait pas de couronne ni d'auréole ni de colt pour sortir des poubelles...
La Belle l'entendit bien, et fit la morte, tellement elle était déçue. Elle décida de bouder ce type , qui n'était même pas cap d'être serial-prince-killer-armé.
Lui n'en avait rien à cirer : il alignait ses poubelles le long du trottoir.
La Belle se mit bien sûr à chouiner (ça faisait longtemps...) en disant qu'elle avait froid à cause de l'eau qu'il lui avait lancée, donc elle l'insulta (ouh la vilaine...).
Non seulement le type était poli, mais il était aussi respectueux, alors il ne répondit pas et vint ramasser La Belle, pour la mettre à la poubelle, puisqu' elle ne voulait plus servir à rien.
- "Au moins, tu ne traîneras pas par terre ! " dit-il en la chargeant sur son épaule pour la jeter.
La Belle lui mit des coups de poing, en criant :
- " Non, mais ça va pas ? Tu vas quand même pas me jeter pour de vrai ??? "
- " Je vais sûrement me gêner, tiens ! dit le type en soulevant le couvercle d'une grande poubelle.
Soudain (quoi donc ????) tout chavira en une seconde dans la tête de La Belle. Au moment où elle allait basculer dans la poubelle, elle regarda le type, et tout devint limpide comme le bleu des yeux qui la regardaient aussi.
Elle se noya dans la mer bleue de son regard, lui sombra dans l'émeraude de ses prunelles, et comme ils n'avaient pas de canot de sauvetage, ils coulèrent ensemble dans les flots d'un amour foudroyant, autrement dit un sacré coup de foudre.
Ils furent pris de tremblements en même temps (tellement c'était violent leur affaire électrique) et sous haute tension, ils durent couper le compteur sous peine de finir électrocutés.
Ce qui s'est passé ensuite ne regarde personne puisqu'il n'y avait personne. De toute façon, les ampoules avaient grillé, donc il n'y avait rien à voir alors circulez...
Bon, le moment de vous quitter arrive, alors, vite, lisez l'épilogue avant de raccrocher.
EPILOGUE (comme annoncé dans le titre...)
La Belle et son gardien (Ange de son prénom...) ne se marrièrent pas.
Ils n'eurent pas d'enfant, ni de fortune.
Ils eurent des chats , un chien et un lémurien
(abandonnés...),
ouvrirent une friperie avec toutes les frusques (jetées) qu'ils trouvèrent, et ne furent pas malheureux du tout, on peut même écrire franchement heureux et raides-dingues amoureux, mais il faut éviter de le dire car paraît-il cela pourrait leur porter la poisse...
Alors je leur crie "Merde" bien fort, et tant pis si ce n'est pas poli, mais c'est tellement joli leur histoire qu'il faut bien leur porter bonheur...
Bon, tout cela pour dire que ce n'est pas la peine d'aller chercher si loin ce que l'on peut trouver tout près et pas le temps d'attendre cent ans non plus pour vivre sans raison la déraison, ce qui est bien meilleur à la santé que de se morfondre dans les contes de fées qui ne font que s'envoler...
Mais comme ces contes ont toujours existé, on fait croire qu'on y croit, histoire de ne point contrarier les fées qui n'auraient plus de raison d'existence, et comme elles font quand même très joli dans la vie, on les laisse voltiger tranquilles là-haut, ou en bas...
Je vous quitte ici, La Belle ne pleure (enfin ! ) plus, elle part se promener au bras de son Ange Gardien-aux-yeux-tout-bleus . Et oui, ils s'embrassent ! En plus ils s'aiment alors que voulez-vous que j'écrive de plus ????????
PAR : ODILE-et-LE-CHAT